Albert Rösti diffuse depuis plusieurs mois de nombreuses fake news dans la campagne sur l’extension des autoroutes. Nous avons soumis ses propos à une vérification des faits. La plupart de ses déclarations contredisent les conclusions des ses propres services.
Rösti: «Les autoroutes élargies réduisent le trafic sur le réseau secondaire».
Faux!
- Le rapport technique de l'Office fédéral des routes (OFROU) prévoit environ +40’000 véhicules supplémentaires à l’échangeur du Vengeron, dix ans seulement après la mise en service de l’A1 Genève-Nyon à six voies.
- Une grande partie de ces véhicules se rendra à Genève. Rien qu'à la sortie «Lac», le nombre de voitures supplémentaires vers Genève va presque doubler pour atteindre environ 14'000 vh/jour. Sans parler des autres sorties (Gd-Saconnex), etc.
- À Coppet et Nyon, il y aura également +8’800 et +7’000 voitures supplémentaires qui emprunteront la jonction pour circuler sur le réseau secondaire.
- L’étude d’Yves Delacrétaz (HEIG) confirme que l’augmentation du trafic induite par l’élargissement entraînera un fort accroissement en direction de Genève mais aussi les villages de la région de Coppet (Commugny, Tannay, Mies, etc.) mais aussi de Nyon (Crassier, Borex, Signy-Avenex et Eysins).
- A Schaffhouse, selon l'OFROU, il y aura +25% de trafic supplémentaire (+1'500 voitures) sur les routes de quartier.
- A Saint-Gall, la nouvelle sortie d'autoroute près de la gare de marchandises entraînera une augmentation massive du trafic dans la ville.
- Le gouvernement bourgeois de Bâle-Campagne estime que l'hypothèse selon laquelle l'extension n'entraînerait pas d'augmentation du trafic n'est pas du tout plausible.
- A Berne, le conseil communal bourgeois de Zollikofen - avec son maire UDC Daniel Bichsel - s'oppose à l'extension parce qu'ils s'attendent à une augmentation du trafic à travers Zollikofen: «Nous courons le risque que davantage de voies d'autoroute génèrent tout simplement plus de trafic. Cela aurait des conséquences négatives sur la protection du climat et entraînerait davantage de bruit et de gaz d'échappement. Ce qui affecterait également la population de Zollikofen.»
Rösti: «Les autoroutes élargies rendront les rues de quartier plus sûres.»
Faux!
- Schaffhouse: 25% de trafic supplémentaire sur les routes de quartier (+1500 voitures dans le quartier de Niklausen)
- Genève: au moins +5'700 voitures supplémentaires sur la route Suisse, et très probablement davantage
- Nyon: +7'000 voitures supplémentaires
- Coppet: +8’800 voitures supplémentaires
- Saint-Gall: Nouvelle sortie d'autoroute vers le centre-ville
- Bâle: l'effet de délestage sur le réseau secondaire est négatif, c'est-à-dire qu'il y aura davantage de trafic.
Bundesamt für Strassen (ASTRA): Strategisches Entwicklungsprogramm Nationalstrassen (STEP-NS 2022), Schlussbericht Nationalstrassen, 1. Dezember 2022
Source : Bundesamt für Strassen (ASTRA): Strategisches Entwicklungsprogramm Nationalstrassen (STEP-NS 2022), Schlussbericht Nationalstrassen, 1. Dezember 2022
Rösti: «Nous ne construisons pas de nouvelles routes, nous ne faisons qu'élargir celles qui existent déjà.»
Faux!
- Genève-Nyon: élargissement à 6 voies sur 19 km, accroissement de trois jonctions, dont celle de Nyon avec deux nouvelles boucles massives de près de 100m de diamètre chacune
- Bâle: nouveau tunnel sous le Rhin avec deux tubes à deux voies de près de 4 km de long
- Saint-Gall: Nouvelle bretelle d'accès à la gare de marchandises avec deux tubes de tunnel et un giratoire souterrain, d'environ 1 km de long.
- Schaffhouse: tube supplémentaire et galerie avec autoroute à deux niveaux
- Berne: élargissement de 5,7 km à six ou huit voies
Au total, 400’000 m2 de terres cultivées, de surfaces agricoles, de forêts et d'autres espaces verts de grande valeur écologique seront construits pour de nouveaux énormes axes routiers.
Rösti: «Les embouteillages sont nuisibles au climat, c'est pourquoi l'extension des autoroutes est nécessaire».
Faux!
Dans le message du Conseil fédéral sur l'extension des autoroutes, il est écrit noir sur blanc que celle-ci entraînera une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. L'augmentation minime des émissions de CO2 due au stop-and-go dans les embouteillages sur les autoroutes est négligeable par rapport à l'augmentation massive des émissions de gaz à effet de serre due à l'augmentation du trafic en raison de l’augmentation des capacités.
Rösti: «Les coûts externes du trafic motorisé sont principalement dus aux embouteillages.»
Faux!
Les coûts de santé dus au bruit ou aux accidents n'existent pas à cause des embouteillages. Ce qui génère du bruit, du danger et donc des coûts, c’est le maintien du 50 km/h au lieu du 30 km/h dans les localités. Les coûts liés au bruit sont causés par les voitures en mouvement qui traversent les zones d'habitation et les quartiers résidentiels - et non par les voitures à l'arrêt sur les autoroutes.
Rösti: «Les embouteillages ne cessent de s'aggraver et entraînent des dommages économiques se chiffrant en milliards.»
- L'extension prévue des autoroutes ne résoudra pas les embouteillages, mais entraînera au contraire une augmentation du trafic, et à terme des bouchons plus importants encore.
- Ces projets ne seront pas réalisés avant au moins 15-20 ans : ils ne résoudront strictement rien d’ici là. La plupart des personnes dans les bouchons aujourd'hui ne rouleront pas sur ces autoroutes. Ils subiront juste une bonne décennie de chantiers avec encore plus d'embouteillages et de retards.
- Les solutions immédiates contre les embouteillages sont:
- Une réduction de la vitesse
- Le développement des transports publics régionaux
- Des itinéraires cyclables régionaux sécurisés
- Un meilleur taux de remplissage des véhicules
- Une très grande partie des personnes coincées dans les embouteillages le sont pour se rendre à des loisirs et cela n'a donc aucune importance pour l'économie (seulement 26% du trafic sur l’A1 Genève-Nyon est du trafic pendulaire).
Rösti: «Bientôt, il n'y aura plus que des voitures électriques et le problème du climat sera résolu.»
- 96% du parc automobile est composé de voitures utilisant de l’essence / diesel: un parc automobile 100% électrique est encore une perspective lointaine
- Conformément à la loi sur la protection du climat, les émissions dues aux transports doivent être réduites de 57% d'ici 2040 et de 100% d'ici 2050. Pour atteindre ces objectifs, nous ne pouvons pas compter sur la seule électrification du parc auto: nous devons réduire le trafic en chiffres absolus.
- Jusqu'à présent, nous ne sommes pas du tout sur la bonne voie et l'extension des autoroutes est un pas dans la mauvaise direction.
- La production de voitures électriques, en particulier la production de batteries, entraîne des émissions de CO2 considérables, à l’étranger. Nous délocalisons la pollution de nos routes vers les usines de production de batterie.
- Dans 25 ans, les voitures électriques, même avec les progrès technologiques resteront toujours 10 fois plus émettrices de CO2 que les trains, les trams et les vélos électriques.
Source : 6-t, bureau de recherche, Affinement des hypothèses de base concernant l’apport des progrès technologiques dans la décarbonation de la mobilité, Note de synthèse, Octobre 2022, p. 37 - NB : Les émissions (en g CO2/ vh. Km.) prennent en compte l’ensemble du cycle de vie. Le chiffre des émissions du train correspond à la situation en 2024, celui-ci devrait encore s’améliorer.
Rösti: «L'extension des autoroutes est importante pour l'économie / Nous le devons aux générations futures.»
Faux!
- Objectif d'économies de la Confédération (crèches, AVS, protection du climat): 5 milliards
- Coût de l’élargissement des autoroutes: 5,3 milliards minimum, en réalité au moins 7,1 milliards (source: KTipp)
- Schaffhouse: analyse coûts-bénéfices négative. Alors qu'on nous demande de faire des économies, on perd de l'argent dans quelque chose de nuisible pour l'économie.
- Les coûts externes du trafic routier s'élèvent à 20 milliards de francs par an:
- Frais de santé liés au bruit ou à la pollution de l'air
- Frais d'accident
- Dommages au climat et à la nature
- Les coûts annuels d'entretien des routes nationales vont augmenter.
- Le financement futur de l'entretien n'est pas assuré
- Dans les villes, de plus en plus de ménages n'ont pas de voiture.
- Les jeunes passent leur permis de conduire de plus en plus tard et l’attrait pour la voiture est moins grand qu’avant (les smartphones et ordinateurs portables rendent le temps passé dans les transports publics plus productif). Nous devons profiter du changement de génération pour opérer un tournant dans les transports, plutôt que de pousser les jeunes dans la dépendance automobile.
- Ces projets représentent au contraire une charge inacceptable pour les générations futures.
Rösti: «Les autoroutes ont été construites pour 6 millions d'habitants et non pour 9 millions / L'extension est nécessaire en raison de la croissance démographique.»
Faux!
- L’équation «+ d'habitants = + de voitures et + d'embouteillages» est simpliste.
- Depuis les années 60, en Suisse, les kilomètres parcourus en voiture ont augmenté environ trois fois plus vite que la population, notamment car les infrastructures ont incité à se déplacer davantage en voiture. En faisant les bons choix d’infrastructures, la population peut tout à fait croître tout en faisant diminuer le trafic automobile.
- L’étude d’Yves Delacrétaz (HEIG) le souligne: l’accroissement de la population dans la région genevoise, lausannoise mais aussi nyonnaise ces dernières années n’a pas entraîné d’augmentation du trafic motorisé. Au contraire, il a plutôt tendance à diminuer. Les deux éléments ne sont donc pas corrélés.
- On a constaté également au tunnel du Baregg (AG) que le trafic automobile a explosé fortement après l’agrandissement, de manière complètement décorrélée de la population dans la région
- Ce n'est pas une loi de la nature que de voir de plus en plus de voitures circuler: au contraire, c’est le résultat de choix politiques dans les transports. C'est élargir les autoroutes qui permettra la croissance du trafic en rendant le trafic automobile plus attractif.
Rösti: «Je promets que le prix de l'essence n'augmentera pas.»
Faux!
- Cette promesse est évidemment électoraliste et va à l'encontre du droit actuellement en vigueur.
- Dès que l'argent du Fonds pour les routes nationales et les agglomérations (FORTA) tombe en dessous de 0,5 milliard, le prix de l'essence doit être augmenté.
- Dès 2027, les réserves du FORTA pourraient être «inférieures à 500 millions de francs», selon les prévisions de l'OFROU.
- Cela aurait pour conséquence de renchérir le prix de l'essence de 4 centimes.
- C'est ce que veut la loi, que le peuple et les politiques ont approuvée lors de la création du FORTA. Le message relatif au budget 2025 avec plan intégré des tâches et des finances indique ainsi qu'une augmentation du prix de l'essence est nécessaire à partir de 2027.
Rösti: «Nous soutenons les transports publics, il faut aussi investir dans la route aussi».
Faux!
- Entre Genève et Lausanne, l’élargissement de l’A1 met en péril la nouvelle voie CFF
- La Confédération prévoit des coupes dans les transports publics à partir de 2025, surtout dans le transport régional de voyageurs, soit des petites lignes de train et de car postal.
- Les Cantons craignent une augmentation du prix des billets et une réduction de l'offre, car ils devront compenser le manque de fonds fédéraux.
- Le crédit pour les trains de nuit a même déjà été bloqué
- Saint-Gall: le RER n'est pas développé alors qu'il pourrait justement désengorger l'autoroute sur ce tronçon.
- Les coûts des transports publics ont doublé au cours des 30 dernières années, alors que les coûts de la conduite automobile sont devenus moins chers en termes de pouvoir d'achat.
- Le réseau de transports publics doit rattraper son retard pris durant le XXe siècle : il y avait 170km de lignes de tram à Genève dans les années 1920, qui sont descendus à 6 km dans les années 1980. Investir dedans pour le reconstruir est un rattrapage et un rééquilibrage face au développement massif des infrastructures routières durant la deuxième moitié du XXe siècle.