La Chancellerie fédérale a confirmé aujourd'hui l'aboutissement du référendum contre l'extension des autoroutes. Il est donc clair que les citoyen·nes suisses pourront s'exprimer dans les urnes contre ces monstres projets fossiles nocifs, inutiles et coûteux. Pour actif-trafiC, ces milliards doivent être investis dans des transports publics attractifs et abordables, dans les mobilités actives et dans un aménagement du territoire de proximité… et certainement pas dans des autoroutes qui vont créer du trafic induit et ne feront donc qu’augmenter nos émissions de CO2 et la consommation d’énergie!
L’alliance dirigée par actif-trafiC et l'ATE a déposé le 11 janvier les 100'000 signatures récoltées contre les projets d'extensions autoroutières, soit le double de signatures nécessaires pour faire aboutir le référendum. La Chancellerie fédérale a informé aujourd'hui 23 janvier que le référendum avait officiellement abouti. C’est désormais officiel: les électeurs·trices pourront donc se prononcer en 2024 contre ces projets d’autoroutes urbaines néfastes pour le climat, la biodiversité… et qui vont déverser toujours plus de trafic dans des villes qui étouffent déjà!
Les prix des transports publics augmentent 3x plus vite que ceux de la voiture
Alors que les transports publics sont affaiblis par de fortes hausses de prix, la Confédération veut gaspiller plus de 5,3 milliards de francs pour la construction de nouvelles infrastructures routières. Et ce n’est qu’un début puisque ce sont 35 milliards pour des nouveaux projets autoroutiers qui sont dans le pipeline de l’Office fédéral des routes pour ces prochaines décennies!
En pleine crise climatique, ces investissements sont contraires au consensus scientifique, contraires à la loi climat adoptée en juin dernier mais aussi contraires aux recommandations de l’Agence Internationale de l’Energie ainsi qu’à tous les plans climat et énergie à l’échelle des villes, des Cantons mais aussi de la Confédération. [cf. notes ci-dessous]
«Pour atteindre nos objectifs climatiques dans le domaine des transports, nous devons le dire clairement : l’époque de l’extension des autoroutes est définitivement révolue ! Ces milliards doivent être redirigés vers le développement de transports publics attractifs et abordables. Car, depuis 1990, les coûts de la voiture ont augmenté moins que l’inflation… pendant que les tarifs des transports publics, eux, ont doublé: c’est totalement absurde et inacceptable!» [1] rappelle Angela Zimmermann, chargée de campagne chez actif-trafiC.
Une large opposition à des projets insensés
Outre les partis et les associations actives au niveau national, des résistances locales s'élèvent de toutes parts contre l'extension des autoroutes. Les Villes de Nyon et Genève ont déjà fait savoir leur opposition à l’élargissement de l’A1 à 6 voies [2]. En Suisse alémanique, des associations à Berne, St-Gall, Bâle et Schaffhouse [3] montrent que la population directement concernée s'organise contre des projets qui vont péjorer leur qualité de vie: augmentation de la pollution de l’air, du bruit, accroissement du trafic, perte d’espaces de nature, de terres agricoles et de zones de détente.
En collaboration avec toutes ces forces, actif-trafiC est résolu à mener une campagne de votation visible et convaincante pour stopper la folie autoroutière!
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[Notes]
Aucun scénario sérieux ne prévoit aujourd’hui une augmentation du trafic motorisé qui soit compatible avec l’atteinte de la neutralité carbone. Construire ces autoroutes, c’est:
- Contraire à la Loi Climat [4] acceptée par le peuple en juin 2023 qui vise à ce que la Suisse respecte l’Accord de Paris. Celle-ci exige une diminution de 57% des émissions des transports d’ici 2040 et de 100% d’ici 2050. Assurer une telle baisse des émissions tout en augmentant le trafic sur les autoroutes semble totalement impossible.
Contraire aux objectifs locaux:
- Le plan climat du Canton de Genève [5] prévoit une réduction du trafic motorisé sur son territoire de –40% d’ici 2030 et de –80% d’ici 2050.
- La Stratégie climat de la Ville de Genève [6] reprend «l’objectif global à l’horizon 2030 de diviser par deux les distances parcourues en transports individuels motorisés»
- Le plan climat du canton de Vaud [7] vise une réduction des émissions de 50 à 60% d'ici à 2030 (par rapport à 1990) et la neutralité carbone d'ici à 2050. Plusieurs mesures visent à réduire le trafic.
- À Bâle-Ville, un vote populaire a décidé en 2023 d'atteindre zéro net en 2037. La stratégie climat du Conseil d'État stipule que les kilomètres parcourus sur les routes en dehors du réseau autoroutier doivent être réduits d'un tiers et que le trafic sur l'ensemble des routes doit être réduit d'un sixième.
- Dans le Canton de Berne, l'exigence de neutralité carbone en 2050 est inscrite dans la Constitution depuis 2021. La stratégie cantonale de mobilité globale de 2022 exige explicitement un trafic neutre en carbone d'ici 2050.
- À St-Gall, le parlement de la ville a adopté un contre-projet aux initiatives Climat Urbain d'actif-trafiC et s'est ainsi engagé à transformer un total de 200’000 m2 de routes en surfaces pour les piétons, les cyclistes et les transports publics ainsi qu'en surfaces pour les arbres et les espaces verts. Incompatible avec l'extension de l'autoroute!
- Le Canton de Schaffhouse vise, dans sa stratégie climatique une réduction d'ici 2030 des émissions liées à la mobilité d'un tiers par rapport à 2016.
- Contraire aux recommandations de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE / IEA) [8] qui recommande de ne pas construire de nouvelles infrastructures d’énergie fossile. Or, les autoroutes sont des infrastructures fossiles car elles sont des lieux d’importantes consommations de pétrole (94% des voitures qui y circulent) et le resteront encore majoritairement pendant longtemps. L’AIE recommande aussi de renforcer l’usage des transports publics et d’introduire dès 2030 une limitation à 100km/h sur toutes les autoroutes, ce qui permettrait de réduire les embouteillages sans construire d’élargissement.
- Contraire aux recommandations du Forum International des Transports [9] qui dans son rapport «Perspectives des transports FIT 2023» explique que «les pouvoirs publics devraient revoir leur conception de la planification. Au lieu de fournir des infrastructures en fonction des prévisions de la demande, il faudrait suivre l’approche «décider et fournir», qui consiste à inscrire les investissements dans une vision, en vue d’atteindre des objectifs d’action publique bien précis. (…) Dans les pays où il est possible de transférer le trafic régional, interurbain et international courte distance sur le mode ferroviaire, les autorités devraient s’y employer dans toute la mesure du possible.»
Sources
(1) 24heures, 14.04.2023: https://www.24heures.ch/le-prix-du-train-augmente-trois-fois-plus-vite-que-celui-de-lauto-712009203718
(2) Tribune de Genève, 11.11.23: www.tdg.ch/autoroute-a1-craignant-de-suffoquer-sous-le-trafic-nyon-s-oppose-a-la-3e-voie-248231071953
(3) Liste des différentes résistances locales à travers la Suisse: www.actif-trafic.ch/resist
(4) Loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique (LCl) du 30 septembre 2022, Art. 4, alinéa b 1: https://www.fedlex.admin.ch/eli/fga/2022/2403/fr#art_4
(5) Plan Climat Cantonal du Canton de Genève – 2e génération: https://www.ge.ch/document/24973/telecharger
(6) Stratégie Climat de la ville de Genève (p.11): https://www.geneve.ch/fr/document/strategie-climat-brochure-ville-geneve
(7) Plan Climat cantonal Vaud: https://www.vd.ch/themes/environnement/climat/plans-climat-vaudois#c2092614
(8) IEA, Net Zero Roadmap, A Global Pathway to Keep the 1.5 °C Goal in Reach, 2023 https://iea.blob.core.windows.net/assets/9a698da4-4002-4e53-8ef3-631d8971bf84/NetZeroRoadmap_AGlobalPathwaytoKeepthe1.5CGoalinReach-2023Update.pdf
(9) FIT (2023), «Perspectives des transports FIT 2023: Résumé», Forum International des Transports, Paris ITF (2023): https://www.itf-oecd.org/sites/default/files/repositories/perspectives-des-transports-fit-2023-resume.pdf