Trois mois après le lancement du référendum, plus de 100'000 signatures ont été déposées ce jeudi 11 janvier à la Chancellerie par actif-trafiC, l’ATE et une large coalition d’organisations soutenant le référendum. Il est évident que, contrairement au Parlement, de nombreuses personnes ont compris que l'avenir de la mobilité ne réside pas dans le développement des autoroutes. La crise climatique exige une véritable révolution dans la politique des transports.
Le référendum sera donc soumis au vote du peuple. Mais il ne s'agit pas seulement d'être "pour" ou "contre" les autoroutes/voitures. Il s’agit réellement d’un choix de société : comment voulons-nous organiser les transports en Suisse à l’avenir ? et comment voulons-nous dépenser l'argent public? Ce paquet d’extensions autoroutières pour 5.3 milliards ne résoudra en rien la surcharge de certains tronçons autoroutiers, mais au contraire cette logique du tout-routier est à la source du problème. Rappelons qu’il ne s’agit que d’une étape d’une vaste fuite en avant autoroutière : le coût pour l’ensemble des projets déjà dans le « pipeline » de l’OFROU pour les prochaines décennies se monte à 35 milliards ! La crise climatique en cours ne nous permet plus de continuer à investir encore dans des infrastructures autoroutières qui :
Aggravent les embouteillages…
Tous·tes les expert·es, toutes les études et toutes les expériences le montrent : élargir les autoroutes ne résout en rien les problèmes d’embouteillages, mais au contraire les aggrave, à cause du trafic induit. En d’autres termes : davantage de voies d’autoroutes crée un appel d’air aux voitures et quelques mois ou années après, l’autoroute se retrouve alors engorgée comme auparavant, avec simplement davantage de voitures et davantage de terrain bétonné.
Gaspillent des sommes énormes…
Tout l’argent gaspillé dans les autoroutes pourrait être investi dans la baisse des tarifs et le développement des transports publics, beaucoup plus économes en espace et en énergie, ou encore dans les mobilités actives ou un aménagement du territoire compact favorisant la proximité.
Les besoins ne manquent pas : améliorer le réseau ferroviaire, développer les transports publics dans les régions actuellement moins bien desservies, élargir les horaires, créer davantage de pôles pour combiner les transports publics avec d’autres modes de transports, rendre les prix plus accessibles, etc. En effet, les tarifs CFF découragent de nombreuses personnes d’y recourir, d’autant plus que depuis 1990, les tarifs CFF ont pratiquement doublé, pendant que les coûts de la voiture n’ont connu qu’une hausse inférieure à l’inflation.
Encouragent le trafic automobile, plutôt que de le réduire...
En juin 2023, le peuple suisse acceptait la Loi Climat, qui prévoit une trajectoire de réduction concrète dans le domaine des transports. Or, aucun scénario pour atteindre les objectifs climatiques n’est compatible avec une augmentation du trafic automobile, c’est même précisément l’inverse : tous les scénarios tablent sur une forte réduction du trafic motorisé. Construire de nouvelles voies va exactement dans la direction inverse.
Bétonnent des terres agricoles et des zones de nature importantes pour la biodiversité...
Les routes et autoroutes sont gourmandes en territoire et induisent un développement centré autour de la voiture extrêmement inefficace en espace : chaque nouvelle voie d’autoroute, chaque nouvelle bretelle ou échangeur entraîne la création de lotissements, de lieux de travail, de centres de loisirs ou d’achat accessibles uniquement en voiture, avec leurs parkings attenants. Alors que notre pays est petit et densément peuplé, bétonner ainsi à tout-va des terres cultivées et des espaces naturels est désastreux pour les agriculteurs·ices, pour la biodiversité… mais aussi pour les automobilistes qui se retrouvent toujours davantage pris au piège de la dépendance à la voiture.