APPEL «NON au lobby du pétrole au Conseil fédéral!»

Le 7 décembre prochain, l’assemblée fédérale élira deux nouveaux membres du Conseil fédéral. Alors que ces prochaines années seront décisives pour prendre des mesures face au changement climatique, la possible accession au gouvernement d’un lobbyiste du pétrole et de l’automobile est un motif majeur d’inquiétude. Cela donnerait un très mauvais signal pour la politique climatique suisse et le respect de nos objectifs climatiques.

La responsabilité humaine dans le changement climatique actuel est sans équivoque et les scientifiques tirent plus que jamais la sonnette d’alarme. Or, si aucune action suffisante n’a été entreprise depuis des décennies c’est notamment parce que, comme l’ont révélé de nombreuses enquêtes, l’industrie des énergies fossiles a développé une stratégie pour semer le doute sur les conclusions des scientifiques à propos des effets des émissions humaines sur le climat et discréditer les climatologues et leurs travaux. Cette industrie puissante, au courant depuis longtemps de l’effet de ses activités sur le climat, a usé de techniques efficaces de relations publiques pour faire passer ses mensonges sur la réalité scientifique en diffusant des publicités, en investissant la sphère médiatique et en utilisant des relais politiques.

En Suisse, l’UDC est l’un des partis qui s’est le plus activement illustré dans la mise en application politique de cette stratégie du doute. De nombreux élus issus de ses rangs multiplient les déclarations ouvertement climatosceptiques, relayant souvent directement la communication de l’industrie pétrolière. Enfin, ce parti a été l’un des freins majeurs à l’adoption d’une politique climatique à la hauteur des enjeux, comme on l’a vu encore récemment avec la loi CO2 et le référendum lancé contre le contreprojet à l’initiative des Glaciers. Cette politique nous a maintenu dans une addiction aux énergies fossiles écologiquement nuisible, coûteuse pour la population et stratégiquement risquée à cause de la dépendance à des régimes autoritaires.

Albert Rösti, favori à la succession d’Ueli Maurer a été de 2015 à 2022 le président de SwissOil, l’organisation faîtière des négociants en combustibles en Suisse, une organisation qui se bat pour maintenir autant que possible le recours au mazout et qui lutte ouvertement contre toute mesure visant à permettre une transition énergétique.

Lors de l'examen de la loi sur le CO2, il a nié l'impact de la crise climatique sur les catastrophes environnementales et a affirmé : «Vous trompez les populations rurales en leur disant qu'avec cette loi, il y aura moins de chutes de pierres, moins de catastrophes écologiques.»

Depuis le mois de mai, Albert Rösti est le président d’Auto-Suisse, l’association regroupant les importateurs officiels d’automobiles, un marché dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les 10 milliards de francs et étroitement liée au lobby du pétrole. Une association qui «défend les intérêts de la branche automobile et s’engage en faveur des automobilistes et du trafic motorisé individuel».

À l’heure actuelle, nul ne sait à quelle hauteur ces différents mandats sont rémunérés. Quoi qu’il en soit, nous ne nous faisons aucune illusion : même s’il devra quitter ces fonctions une fois élu, de tels mandats ne se déposent pas comme des valises avant d’arriver au Conseil fédéral. S’il est élu, Albert Rösti aura à cœur de mettre en œuvre la politique de SwissOil et d’Auto-Suisse en faveur du tout-pétrole et du tout-voiture, en contradiction complète avec les engagements climatiques de la Suisse, notamment l’accord de Paris.

Pour nous, scientifiques, activistes, citoyen·nes et organisations engagées pour une politique climatique à la hauteur des enjeux de notre temps, l’élection d’un lobbyiste des énergies fossiles à un poste si important – avec la possibilité qu’il accède à la tête du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) – est totalement inacceptable.

Nous appelons donc les parlementaires fédéraux à prendre leurs responsabilités en ces temps d’urgence climatique et à faire barrage, lors de l’élection au Conseil fédéral, à toute candidature liée étroitement à des industries dommageables au climat.



  • Dominique Bourg, Prof. honoraire UNIL
  • Martine Rebetez, Prof. de climatologie, UNINE
  • Julia Steinberger, Prof. UNIL
  • Jacques Dubochet, Prof. hon. UNIL, Prix Nobel chimie 2017
  • Sonia Seneviratne, Prof. ETH Zurich
  • Irmi Seidl, Prof. ETH Zurich
  • Thomas Wiesel, Humoriste
  • Valérie D'Acremont, médecin et professeure de santé globale, UNIL
  • René Longet, Expert en durabilité, ancien élu PS
  • Bertrand Kiefer, Rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse
  • Stina Werenfels, Cinéaste
  • Anne Mahrer, Coprésidente des Aînées pour la protection du climat Suisse
  • Laurent Keller, Professeur UNIL
  • Marlyne Sahakian, Prof. UNIGE
  • Blaise Genton, Médecin, UNIL
  • Jean-Pascal Gillig, Secrétaire général WWF Genève
  • Tom Tirabosco, auteur de bandes dessinées
  • Django Betschart, Directeur de l'Initiative des Alpes
  • Sabrina Tacchini, Psychologue
  • Michel Maxime Egger, Sociologue, acteur de la Transition
  • Yvan Maillard Ardenti, Président des Artisans de la transition
  • Eric Devanthéry, Metteur en scène
  • Evelinn Trouble, Musicienne
  • Jean Martin, Ancien médecin cantonal vaudois
  • Franz Treichler, Musicien
  • Daniel de Roulet, écrivain
  • Fulvio Magara, Expert scientifique CHUV
  • Yvette Théraulaz, comédienne
  • Adrian Seiler, Membre du comité de la SSES CH
  • Alfonso Gomez, Conseiller administratif de la Ville de Genève
  • Thibault Schneeberger, coordinateur romand actif-trafiC

état au 9.12.22 · total 9'292 signataires



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