Communiqué de presse · 23.05.2023
Une centaine de personnes ont manifesté ce mardi 23 mai en fin de journée contre la tenue du salon de l’aviation privée EBACE qui se tient à Palexpo. Scandant des slogans tels que «1, 2, 3 degrés: interdisons les jets privés!», les manifestants se sont rendues à vélo du parc des Cropettes à Palexpo, devant l’entrée du salon, où plusieurs personnes ont pris la parole. Extraits de discours:
Julia Steinberger, économiste écologique, prof. UNIL et autrice principale du GIEC:
«L’aviation est acculée et dos au mur: elle n’a pas d’alternative bas carbone viable dans un horizon de décennies. Le secteur de l’aviation sort donc des communiqués toutes les deux semaines pour expliquer que ‘les alternatives sont prêtes bientôt’, qu’on aura bientôt de ‘l’hydrogène propre’ et qu’on peut ‘compenser les émissions’: ce sont des bobards! Si nous n’arrivons pas à interdire complètement les jets privés de la surface de la Terre, nous n’arriverons pas à respecter l’accord de Paris.»
Youri Bernet, co-secrétaire actif-trafiC:
«Peut-on vraiment demander à des gens de renoncer à des vols de ligne ponctuels pour aller voir leur famille si dans le même temps une poignée de privilégiés utilisent des jets privés pour aller, par exemple prendre leur petit-déjeûner sur la Côte d’Azur ou ramener des chiens errants d’Ibiza pour se donner bonne conscience (Gigi Oeri)? Genève accueille plus de 35'000 mouvements d’avions privés, soit plus de 100 par jour. Les principales destinations sont Paris et Nice: des villes parfaitement atteignables en train. Il est urgent d’interdire les vols-caprices des ultra-riches!»
Davide de Filippo, syndicat SIT:
«C’est un fait : plus on est riche, plus on pollue, et le salon de l’aviation privée devant lequel nous nous trouvons en est la célébration scandaleuse, alors qu’en ce moment même, des trombes d’eau se déversent sur l’Emilie-Romagne, l’Espagne connaît déjà des pics caniculaires et le l’ouest du Canada est en flammes. Partout la même cause : le réchauffement climatique, le capitalisme destructeur de l’environnement, et l’accroissement des inégalités sociales.»
Isabelle Pasquier, conseillère nationale Les Vert·e·s:
«Les jets ont impact disproportionné sur le climat alors que des alternatives terrestres existent. La majorité des distances parcourues par ces avions privés ou commerciaux est de moins de 500 km, des alternatives sont donc souhaitables et possibles.»
Jérôme Strobel, Noé21:
«Le redécollage du trafic aérien à l'aéroport de Genève après la parenthèse du COVID, a consommé 4 fois plus d'énergie que ce qui a été économisé par la population dans les mesures d’économies d’énergie cet hiver. En émettant en un vol plus que ce que chaque Suisse émet chaque année, les jets privés poussent la démesure au paroxysme. Les jets privés dilapident un budget carbone précieux pour le bénéfice d'une très petite minorité. A l'heure où il apparaît que la limite des 1,5° (voire celle des 2°) sera difficilement évitée, des choix forts doivent être réalisés collectivement sur le partage du budget carbone qu'il nous reste. Dans cette situation, laisser prospérer les jets privés sans limite, c'est se donner toutes les chances de l'autogoal climatique et démocratique.»
Teo Frei, solidaritéS:
«Si leurs émissions de gaz à effet de serre continuent ainsi, les millionnaires qui seront 3,5% de la population mondiale en 2050 selon leur rythme de croissance actuel: auront épuisé à eux seuls en 2050, près de ¾ de notre budget carbone qui reste pour toute la population mondiale (la part du budget qu’il nous reste pour rester sous la barre des 1,5°C)! Les riches prennent des jets privés comme si c’était des trottinettes: c’est inacceptable!»
Justine Pasche, Grève du Climat Genève:
«Lors du salon EBACE, les acheteurs viennent des jets de plus de 20 millions de francs. C’est une cinquantaine de jets privés qui ont été déplacés du Canada, des USA et du Moyen-Orient dans l’unique but d’être admiré par la classe bourgeoise que cette foire accueille.»