Communiqué de presse · Dimanche 18 juin · 13h30
actif-trafiC se réjouit du OUI assez net qui se profile à la loi climat (à l'heure de l'envoi de ce communiqué, les projections évoquent une acceptation à 58%). Il faudra agir désormais sans attendre au niveau local et mettre un coup d'arrêt aux infrastructures énergivores, comme les projets d'autoroutes.
Les lobbies du pétrole et de l’automobile, malgré des millions investis dans une campagne de désinformation mensongère main dans la main avec l’UDC, n’ont pas atteint leur but. Aujourd’hui, un pas important dans la bonne direction a été franchi: la Suisse a enfin des objectifs climatiques contraignants.
Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, car tous les signaux climatiques sont au rouge. «Cette loi, fruit d’un compromis, était nécessaire mais insuffisante: l’objectif de neutralité carbone pour 2050 désormais fixé dans la loi est, du point de vue scientifique, trop lointain. Et surtout, les réductions d’émissions devraient commencer immédiatement, les scientifiques nous disent qu’on ne peut plus attendre.» explique Thibault Schneeberger, coordinateur d’actif-trafiC pour la Suisse romande.
Agir vite au niveau local
Les résultats favorables en Suisse romande, et particulièrement favorables dans certains cantons, en particulier urbains (plus de 74% de OUI à Genève – meilleur résultat de Suisse, plus de 69% pour Vaud et Neuchâtel, mais aussi plus de 73% à Bâle-Ville, etc.) envoient par ailleurs un signal politique clair aux autorités locales: on peut aller plus vite au niveau local qu'au rythme fédéral. Car les politiques climatiques se décident aussi à cette échelle. Bâle-Ville s’est fixé il y a quelques mois un objectif de neutralité carbone pour 2037: les cantons romands doivent suivre cet exemple et mettre en œuvre des plans climat à la hauteur des enjeux. Les initiatives Climat Urbain lancées par actif-trafiC dans 9 villes peuvent y contribuer.
Auto-sabotage des objectifs à l’échelle fédérale
Au niveau national, la situation est toutefois très, très alarmante. Car le Parlement est déjà en train de torpiller les objectifs climatiques qu’il s’est lui-même fixé et que le peuple vient tout juste de confirmer. En effet, il y a un peu plus de deux semaines, le Conseil national a voté plus de 14 milliards pour les autoroutes, dont 5,3 pour des projets d'extension et d’élargissement, le reste étant englouti dans l’entretien. «Investir 5,3 milliards pour de nouvelles infrastructures nuisibles au climat contre 3,2 milliards pour la protection du climat c’est mettre davantage d’argent dans le problème que dans la solution. C’est de l’auto-sabotage!» commente Thibault Schneeberger. «Pire encore: le Conseil fédéral veut encore multiplier les programmes d’économie dans le ferroviaire et ne voit pas d’objection à l’augmentation des tarifs CFF, alors qu’on vise la neutralité carbone? C’est marcher littéralement sur la tête.»
Or, le transport est précisément le plus gros secteur émetteur de CO2 en Suisse et le seul dont les émissions ne baissent pas depuis 1990. Début juin, le Conseil fédéral lui-même reconnaissait que les prescriptions en matière d'émissions de CO2 dans le transport n'avaient pas atteint leurs objectifs.
Les voitures électriques ne vont absolument pas tout résoudre
«L’électrification du parc automobile permet, dans le meilleur des cas de réduire de 40 à 50% les émissions sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules. Le reste du chemin vers la neutralité carbone ne pourra se faire que si nous avons beaucoup moins de voitures sur nos routes… et certainement pas toujours davantage comme vont entraîner ces projets autoroutiers d’un autre temps. Sans même parler de leur impact désastreux sur la biodiversité.» dénonce Thibault Schneeberger. «actif-trafiC lancera un référendum avec ses partenaires contre cette folie autoroutière, qui est parfaitement contradictoire avec la volonté populaire exprimée aujourd’hui.»
En tout, le Conseil fédéral veut investir au total 35 milliards dans l'extension des routes au cours des prochaines années – de l'argent dont nous avons urgemment besoin pour effectuer un véritable tournant écologique dans la mobilité: vers les transports publics, le vélo, la marche et un aménagement du territoire qui favorise la proximité.