Après le Conseil national, le Conseil des Etats vient de valider, lui aussi, ce matin le gaspillage de 5,3 milliards dans l'extension des autoroutes. Et ce n'est qu'un début. Au total, le montant total pour tous les projets d’extension au programme pour ces prochaines décennies se monte à près de 35 milliards. Pour actif-trafiC, c’est inacceptable. La crise climatique exige de mettre fin aux impasses du millénaire dernier par une véritable révolution dans la politique des transports.
Après le Conseil national, c'est désormais le Conseil des Etats qui semble ne pas avoir bien compris les propos du secrétaire général de l'ONU. Lors de la dernière conférence sur le climat, celui-ci a déclaré: «Nous sommes sur une autoroute vers l'enfer climatique – avec le pied sur l'accélérateur». Le Parlement suisse, lui, ne semble retenir que les mots «autoroute» et «accélérateur»! Il n'y a pas d'autre explication au fait qu'en pleine crise climatique et quelques mois seulement après l'adoption réjouissante de la loi sur la protection du climat, il prévoie de gaspiller 5,3 milliards en pure perte dans l'extension de nouvelles autoroutes.
En effet, tous les experts savent qu’élargir les autoroutes est inutile, car non seulement cela ne résout pas les problèmes d’embouteillages, mais cela les aggrave à cause du trafic induit. «actif-trafiC combattra cette décision par référendum, en collaboration avec plusieurs organisations partenaires», annonce la coprésidente d’actif-trafiC Franziska Ryser.
Réduire le trafic automobile, pas l’encourager
Dans le domaine des transports, la loi sur la protection du climat votée en juin dernier prescrit une trajectoire de réduction concrète. Il n'existe pas un seul scénario sérieux qui permettrait d’atteindre les objectifs fixés avec une augmentation du trafic automobile, même en prenant en compte l’électrification du parc. Au contraire: les perspectives énergétiques 2050+ de la Confédération prévoient une réduction du taux de motorisation de 35% d'ici 2050, en parallèle d’un parc automobile 100% électrique à cette même échéance.
Une étude du Wuppertal Institute et T3 Transportation révélait ce mardi qu’entre 1995 et 2020, la longueur des autoroutes en Europe (Suisse incluse) a augmenté de 60%, tandis que les chemins de fer ont diminué de 6,5%. Pour chaque franc dépensé pour construire des chemins de fer, 1,6 franc est dépensé pour construire des routes. La Suisse continue d'investir davantage dans de nouvelles autoroutes plutôt que dans le développement du réseau ferroviaire, et ce vote n’est que la continuité de ce désastre.
La promotion du trafic automobile à coups de milliards est l'exact contraire des recommandations, des études et des objectifs décidés. Et ces 5,3 milliards ne sont qu'un début. Au cours des prochaines décennies, c’est en tout 35 milliards de dépenses qui sont planifiées pour l'extension des autoroutes: une catastrophe pour la politique climatique suisse! Pourtant, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a déjà affirmé en 2021 que les investissements publics dans les nouvelles infrastructures fossiles devaient être immédiatement stoppés. «actif-trafiC demande au Parlement de revenir enfin à la raison et d'enterrer ces monstres projets fossiles lors du vote final», affirme Franziska Ryser.
Une décision complètement anachronique
Face à l'urgence de la crise climatique, il est troublant que le Parlement s'accroche à des concepts datant du dernier millénaire. «Décider aujourd'hui d’étendre autoroutes est complètement anachronique», s'énerve Franziska Ryser. Alors que le prix des billets pour les transports publics continuera d'augmenter l'année prochaine, la Confédération encourage le trafic automobile, nuisible au climat, à coups de milliards. Les transports sont le principal secteur émetteur de CO2 en Suisse et le seul dont les émissions n'ont pas baissé depuis 1990. «Pour que nous puissions atteindre les objectifs climatiques, nous devons investir des milliards dans la promotion des transports publics ainsi que de la marche et du vélo», demande Franziska Ryser.