Communiqué de presse · Jeudi 22 juin 2022
Ce jeudi 22 juin 2023, une cinquantaine de personnes ont affronté la pluie au 22 rue des Pâquis à Genève pour célébrer l’AN 01 du dégrappage, l’action de «jardin participatif sur des places de parking» menée il y a exactement un an au même endroit. Le rassemblement festif a symboliquement planté des plantes dans des bacs à l’endroit des fameuses 5 places de parking puis a défilé dans les rues des Pâquis pour une visite guidée avec plusieurs arrêts explicatifs détaillant la situation de la végétalisation – qui n’avance presque pas – dans différentes rues des Pâquis.
L’objectif de l’action de 2022 était simple : prendre les devants et agir de manière non conventionnelle, joyeuse et déterminée pour pallier le manque de végétation dans l’une des zones les plus asphaltées de Genève. Rappelons que les Pâquis ne comptent que 5% de canopée (la couverture arborée), contre 30% à Champel. Cette inégalité est insupportable. Elle est tout particulièrement insupportable vu la terrible lenteur de l’action politique.
Ce qui est en jeu c’est rien de moins que l’habitabilité de nos villes durant les canicules qui ne vont faire que s’aggraver. Or on continue à n’agir qu’à un rythme affreusement lent, alourdis par les lenteurs politiques, l’absence de courage des autorités et la complexité des procédures et des recours.
«De toutes les conséquences du dérèglement climatique, la chaleur est la plus meutrière. Chaque année dans le monde, elle tue plus que les ouragans, les inondations et les incendies. Face à cette situation, les autorités politiques ont la responsabilité de mettre en œuvre, rapidement, les mesures de transition écologique et d’adaptation. L’intensité et la fréquence des vagues de chaleur vont augmenter ces prochaines années. Chaque retard aura des conséquences graves sur la santé des habitant·es de nos quartiers.» dénonce Alain Riesen de la commission santé-social de l’AVIVO, qui s’associe à cet anniversaire de l’action de dégrappage du 22 juin 2022.
Végétaliser des places de stationnement, c’est rééquilibrer l’espace public et c’est agir à la fois sur les causes et conséquences du réchauffement. C’est contribuer à faire ce qui devrait être notre devise en matière de climat : éviter l’ingérable et gérer l’inévitable.
La Ville de Genève ambitionne, dans sa Stratégie Climat, de dégrapper 10’000m2 par an. Or, qu’est-ce qui a été concrètement réalisé depuis notre action il y a un an en Ville de Genève, à part un bout de micro-forêt à Villereuse sur un parking, une autre dont le chantier vient de démarrer aux Grottes et la rue des Rois, encore inachevée? Pratiquement rien. Le rythme est beaucoup trop lent et on ne se donne pas les moyens d’accélérer la cadence.
«Face à l’urgence, il faut modifier les procédures, assouplir les lois et commencer à agir sans attendre, par petites touches, y compris de manière participative en impliquant les habitant·es et les commerçants dans la transformation de l’espace urbain et en offrant des solutions: car elles existent. En Belgique, par exemple l’association Less Beton crée des chantiers participatifs.» explique Kirsten Almeida, militante d’actif-trafiC.
La visite guidée du quartier a amené les participant·es à la rue de la Navigation: «Ce lieu est emblématique de la problématique, car après avoir fermé un tronçon de 80 mètres devant la sortie de l’école Pâquis-Centre en 2014, la Ville a laissé le site en l’état, avec trottoirs et chaussée, totalement minéral. Comme si les potelets qui indiquent la zone piétonne pouvaient à tout moment être enlevés et le trafic motorisé reprendre.» a déploré Julien Vascotto de SURVAP, qui ajoute: «Les habitant·es ont pris les choses en main en 2021 en installant des bacs végétalisés et des modules pour s’asseoir, qui bien que rudimentaires permettent à des adultes de s’y asseoir pour attendre les enfants à la sortie de l’école. 2023 marquera le troisième été où les habitant·es assurent eux-mêmes bénévolement l’entretien et l’arrosage de ces plantes et de ce mobilier urbain.»
À la rue de Berne: «Cette rue est importante par la présence de la bibliothèque, l’école et la maison de quartier. Un projet demandant la sécurisation de la rue est demandé depuis 30 ans. Il est en partie réalisé par la fermeture au trafic de transit, mais l’absence d’aménagement permet aux motos de continuer à traverser et rendent l’endroit dangereux, au point où des enfants ne peuvent même pas la traverser de manière autonome. Un soin a été apporté à la création d’un abri-vélo couvert dont l’utilité est vraiment très discutable… alors que la rue manque cruellement d’aménagement et de végétalisation.» explique Brigitte Studer de SURVAP.
Au square Jean-Jaquet, «on se trouve face à un parking à ciel ouvert, constate Roderic Mounir, habitant des Pâquis. Une cinquantaine de places occupent l’entier de cette cour bordée par des immeubles de la Gérance immobilière municipale. La chaleur y est emprisonnée dans le béton, aucun jeu d’enfant n’y est possible. Un collectif d’habitants avait tenté de se réapproprier l’espace, mais ses exigences avaient été revues à la baisse face aux réticences des propriétaires de voitures. La question reste posée dans un quartier hyper minéral subissant des températures de plus en plus élevées: comment faire de nos cours des espaces conviviaux et végétalisés sans générer des nuisances supplémentaires pour les habitants? Le compromis reste à trouver.»
Nos associations revendiquent:
- La réalisation rapide d’espaces végétalisés et perméables dans les prochains mois dans les rues déjà piétonnisées des Pâquis (par exemple rue de la Navigation, rue du Môle, rue du Léman, rue de Berne)
- La conversion des cours intérieures en espaces végétalisés et perméables lorsque cela est possible
- La simplification des procédures pour mettre en place des projets de végétalisation dans les quartiers
- La mise en place de chantiers participatifs avec les habitant·es