Communiqué de presse · Mardi 12 septembre 2023
L’acceptation par le Conseil national ce lundi 11 septembre de la motion du député Erich Hess demandant l’élargissement de l’autoroute A1 à 6 voies est un signal catastrophique pour la politique climatique, la biodiversité et la politique des transports en Suisse. Cette décision surréaliste en pleine crise climatique renforce la détermination d’actif-trafiC de lancer, avec nos partenaires, un référendum en octobre contre les monstres projets autoroutiers.
Un désastre pour la politique climatique
Alors que le secteur des transports est le principal émetteur de CO2 du pays, et le seul qui ne diminue pas, un tel élargissement nous éloigne encore davantage de nos objectifs climatiques, notamment la loi climat votée par la population en juin dernier. Agrandir le réseau autoroutier est totalement incompatible avec la neutralité carbone et avec les objectifs intermédiaires de réduction (–57% pour les transports en 2040). En effet, toutes les études le montrent: les émissions des transports ne pourront pas être compensées et la mobilité doit donc atteindre le «zéro brut».
L’électrification du parc automobile ne suffira donc pas et maintenir la même quantité de trafic (sans parler de l’augmenter) est totalement incompatible avec toute politique de sobriété énergétique: il faut absolument réduire fortement le trafic motorisé. Or, ces élargissements autoroutiers vont, au contraire, augmenter le trafic!
Un désastre pour la biodiversité
Ajouter des voies autoroutières va artificialiser des surfaces importantes: destruction d’espaces naturels, abattage d’arbres, bétonnage de terres agricoles. Alors que nous vivons la sixième extinction de masse du vivant, la Suisse doit absolument protéger sa biodiversité.
Depuis des mois, de nombreux politiques vantent les mérites du «SolarExpress» (accélération des procédures pour les parcs solaires alpins) comme une percée en matière de politique climatique, mais on assiste en fait, par la petite porte, aux «AutoroutesExpress». Bien sûr, le développement des énergies renouvelables est important et urgent. Mais notre électricité est déjà en grande partie exempte de CO2, alors que notre parc automobile est composé à 98% de moteurs thermiques. L'impact des «AutoroutesExpress» sur la crise climatique sera donc bien plus important que celui du «SolarExpress». Tous les succès de la politique climatique suisse seront réduits à néant par les projets d'extension autoroutière.
Un désastre pour la politique de mobilité
«Elargir les routes pour lutter contre les embouteillages, c’est comme élargir sa ceinture pour lutter contre l’obésité» disait l’urbaniste étasunien Lewis Mumford. En effet, c’est non seulement inutile, mais surtout contreproductif. Car aucun endroit au monde n’a résolu les problèmes de bouchons en élargissant ses infrastructures routières. Au contraire: toutes les expériences et toutes les études le montrent: créer de nouvelles voies génère du «trafic induit», augmente les distances parcourues et renforce la dépendance automobile, ce qui crée rapidement encore davantage d’embouteillages. C’est une impasse! Les agglomérations verront davantage de voitures engorger les centres urbains, alors que les villes cherchent désespérément à diminuer le trafic motorisé qui nuit à la santé et à la qualité de vie de la population.
De plus, les milliards gaspillés pour ces méga-autoroutes d’un autre temps manqueront dans les caisses pour les transports publics, pour les infrastructures de mobilité douce, pour un aménagement du territoire qui favorise la proximité (ville à 15 minutes) mais aussi pour la transition énergétique ou pour la politique de santé.
Fin septembre, le Parlement fédéral votera sur cinq nouveaux projets autoroutiers avec l’étape 2023 du PRODES (Programme de développement stratégique). actif-trafiC est plus déterminé que jamais à lancer un référendum pour stopper ce désastre.