Communiqué de presse · 02.07.2024
À mesure qu’on continuera à émettre du CO2, les événements climatiques extrêmes deviendront toujours plus fréquents et plus intenses. La Suisse a justement été durement touchée ces derniers jours. Alors que la population votera le 24 novembre sur l’avenir de ses infrastructures de transport, on doit s’interroger: pouvons-nous nous permettre de continuer comme avant à dépenser des milliards pour des autoroutes démesurées qui vont augmenter nos émissions, asphalter des espaces naturels et dont les coûts d’entretien vont inexorablement grimper?
Les inondations, laves torrentielles et glissements de terrain dans plusieurs régions suisses ces derniers jours en raison notamment de précipitations majeures ont eu des conséquences tragiques. Nos premières pensées et tout notre soutien vont aux victimes, aux personnes sinistrées, à leurs proches ainsi qu’à toutes les personnes mobilisées pour les secourir et les soutenir.
Les événements extrêmes vont empirer
Sans études d’attribution, difficile d’affirmer avec certitude que tel ou tel événement est dû au changement climatique. Mais les faits scientifiques sont clairs: chaque degré supplémentaire dans l’atmosphère permet à l’air de contenir 7% d’humidité en plus. Tant que l’humanité continuera à accumuler des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les événements extrêmes come ceux qui ont eu lieu aux Grisons, en Valais, au Tessin ou dans le Canton de Vaud ces derniers jours deviendront donc toujours plus fréquents et plus intenses. Cela signifie donc davantage de vies humaines en danger et de dégâts matériels, toujours plus coûteux à réparer et reconstruire.
Italie, Autriche, Pologne, Mexique, Chine, etc.: ces dernières semaines, de très nombreuses régions du globe ont été balayées par des inondations. D’autres régions subissaient des chaleurs extrêmes. Le changement climatique se manifeste par une multiplication d’événements extrêmes locaux. Pour éviter d’aggraver encore la situation, il faudra aussi de nombreuses décisions locales pour réduire les émissions et atteindre la neutralité carbone. Et tant que celle-ci ne sera pas atteinte, la situation ne fera qu’empirer.
Autoroutes: un choix crucial
En novembre, la Suisse prendra une décision importante à propos de ses transports. Alors que le trafic motorisé est le principal émetteur de CO2 du pays, et le seul qui ne diminue pas ses émissions, pouvons-nous nous permettre d’élargir encore nos autoroutes alors que cela ne fera que générer davantage de trafic et d’émissions sans résoudre les embouteillages? Pour actif-trafiC, la réponse est claire: c’est NON.
La destruction d’un tronçon de l’autoroute A13 aux Grisons, l’inondation de l’autoroute A9 en Valais ou encore l’effondrement du pont de Cevio au Tessin sont des avertissements pour l’avenir.
D’une part parce que les événements de ce type étant amenés à se multiplier, le coût d’entretien de nos infrastructures routières va forcément prendre l’ascenseur. Il n’est donc pas du tout raisonnable de gaspiller des milliards dans des autoroutes à 6 ou 8 voies. Au contraire: nos investissements devraient aller sur des infrastructures de mobilité sobres en carbone et résilientes face au changement climatique. D’autre part parce que couvrir d’asphalte toujours plus d’espaces naturels pour faire de la place à la voiture va imperméabiliser encore davantage les sols, limiter encore l’infiltration de l’eau et nous rendre ainsi encore plus vulnérables face aux prochains épisodes de pluies intenses.
L’élévation de la température en Suisse est déjà de plus de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, soit le double de la moyenne mondiale. Le changement climatique n’est pas pour un futur plus ou moins distant. Il a commencé ici et maintenant et continuera à s’aggraver tant que nous continuerons à prendre les mauvaises décisions. Quoi qu’en pense la majorité du Parlement qui veut s’asseoir sur le jugement de la CEDH condamnant la Suisse pour inaction climatique, l’urgence est à un changement de cap.