
Publication du bilan carbone 2022 (GE): le plus dur reste à faire! Les associations environnementales demandent au Grand Conseil d’adopter sans tarder le projet de loi climat!
Nos associations, réunies dans une coalition genevoise en faveur du climat ont pris connaissance ce jour du nouveau bilan carbone genevois. Les résultats sont sans appel: le plus dur reste à faire. Certes, les émissions CO2 territoriales ont diminué ces dix dernières années (-18%), mais on parle ici uniquement des émissions directes émises à Genève (27% de l’empreinte GES) et ce résultat positif est dû principalement à des mesures transitoires et faciles à mettre en œuvre, à savoir le passage du mazout au gaz pour le chauffage des bâtiments.
Émissions en fonction du revenu : les données doivent être publiées
Le résultat de l’empreinte globale des GES est quant à lui encore moins réjouissant (-1% depuis 1990). Celui-ci tient compte des émissions émises à l’étranger par notre consommation de biens et services produits en dehors du territoire genevois. Ceci correspond à notre réelle empreinte carbone qui reste beaucoup trop élevée et qui est fortement dépendante de notre pouvoir d’achat. Les 10% les plus riches de la population suisse produisent près de quatre fois plus d’équivalent CO2 que les 10% les plus pauvres. Nos associations regrettent que les données du bilan carbone n’aient pas été croisées avec des variables socio-économiques pour montrer que l’effort doit avant tout venir des populations ayant le plus de moyens et qui consomment le plus. Répondre à l’urgence climatique ne pourra se faire sans justice sociale. Nos associations demandent que les émissions de CO2 en fonction du revenu et de la catégorie socio-professionnelle soient désormais publiées par le Canton de Genève.
Des progrès importants mais encore insuffisants
Depuis 2022, de nombreuses avancées ont été réalisées et contribueront sans doute à améliorer ce bilan carbone. Nous saluons notamment l’adoption par le Grand Conseil d’un crédit d’investissement de 1 milliard de CHF pour la rénovation des bâtiments publics et l’adoption de la nouvelle loi sur l’énergie ouvrant un crédit de 500 millions de CHF pour les particuliers et les communes. Toutefois, la marche reste encore très haute pour atteindre l'objectif de -60% de GES d’ici 2030 validé par le Conseil d’Etat en 2019 en réponse à la motion 2520 du Grand Conseil. Pour tenir cet engagement, il va falloir accélérer et multiplier au minimum par 3 le rythme des réductions observés sur le canton ces dix dernières années (passer de -2% par an entre 2012 et 2022 à -6% par an entre 2022 et 2030) et réduire significativement notre consommation, en particulier les biens et services importés.
Projet de loi climat : le Grand Conseil doit s’y atteler sans tarder
En 2024, nos associations ont répondu présent afin de trouver un compromis avec les milieux économiques au projet de loi climat (PL 13255) pour lequel la Commission de l’environnement et de l’agriculture du Grand Conseil avait refusé l’entrée en matière en décembre 2023. Nos associations ont accepté de soutenir un nouveau projet de loi moins ambitieux afin de tenir compte des contraintes compréhensibles des entreprises et s’assurer d’un large soutien des acteurs du territoire. Ce consensus a été déposé au Grand Conseil en octobre 2024 et n’a toujours pas été traité par ce dernier.
Au vu des résultats présentés ce jour et au vu de l’urgence climatique, nous demandons à la Commission de l’environnement et de l’agriculture du Grand Conseil de traiter en urgence ce projet de loi pour une adoption rapide, au plus tard avant l’été 2025. Sachant que ce compromis a reçu le soutien conjoint des milieux économiques, des associations environnementales et des syndicats, rien ne s’oppose à son adoption rapide.
L’adoption de cette loi cadre permettra de renforcer les orientations climatiques du canton et de donner enfin un statut légal au Plan Climat Genève, dont nos associations attendent la version 2025-2030 avec impatience. Dernier Plan Climat avant la fameuse date butoir de 2030, il doit absolument garantir l’atteinte des -60% d’émissions de GES. Nous attendons donc du Conseil d’Etat un Plan Climat 2025-2030 à la hauteur des objectifs climatiques qu’il s’est lui-même fixé et d’y intégrer les enjeux de justice climatique.