Communiqué de presse · Vendredi 29.09.2023
Le Parlement veut engloutir 5,3 milliards dans l'extension de nouvelles autoroutes. Et ce n'est qu'un début. Au total, 35 milliards devraient être gaspillés au cours des prochaines décennies. Pour actif-trafiC, c’est inacceptable: nous lancerons un référendum avec nos partenaires. La crise climatique exige l'abandon des recettes du dernier millénaire et un vrai changement de cap dans la politique de mobilité.
En pleine crise climatique et quelques mois seulement après l'adoption réjouissante de la loi climat, le Parlement suisse a décidé lors de son vote final ce matin de gaspiller 5,3 milliards dans l'extension de nouvelles autoroutes. Pourtant, tous les experts, toutes les études et toutes les expériences le montrent : élargir les autoroutes crée du trafic induit, ce qui aggrave au final les embouteillages. «Après le vote complètement anachronique de ce matin, c’est désormais sûr et certain: actif-trafiC combattra cette décision par référendum, en collaboration avec différentes organisations partenaires», annonce Franziska Ryser, coprésidente d’actif-trafiC.
Réduire le trafic automobile, pas l’encourager
La décision du Parlement est en contradiction totale avec la loi climat adoptée en juin dernier. Celle-ci prescrit une trajectoire de réduction concrète dans le domaine des transports. Et il n'existe pas un seul scénario sérieux qui permettrait d'atteindre les objectifs climatiques fixés avec une augmentation du trafic automobile. Et ce, même en prenant en compte l'électrification du parc! Au contraire : les perspectives énergétiques 2050+ de la Confédération prévoient une réduction de près d'un quart du parc de voitures de tourisme d'ici 2050, en parallèle d'un parc automobile 100% électrique à cette même échéance. Pourquoi élargir les routes si on doit réduire le nombre de voitures?
La promotion du trafic automobile à coups de milliards est l'exact contraire des recommandations, des études et des objectifs adoptés. Et les 5,3 milliards ne sont qu'un début. Au cours des prochaines décennies, un total de 35 milliards sera gaspillé pour l'extension des autoroutes: une catastrophe pour la politique climatique suisse, mais aussi pour la nature et l’aménagement du territoire.
«Pour atteindre nos objectifs climatiques, nous devons investir des milliards dans la promotion des transports publics et des déplacements à pied et à vélo.»
Plusieurs pays renoncent à des projets autoroutiers
Le Pays de Galles et les Pays-Bas ont décidé de cesser tout investissement dans les nouvelles autoroutes et le ministre français des transports vient d’annoncer que la France allait renoncer à une dizaine de projets autoroutiers très contestés localement, afin de se mettre en conformité avec sa planification écologique. «Ces exemples ne sont pas des exceptions, c’est le début d’une prise de conscience d’une chose simple: la fuite en avant autoroutière est incompatible avec le maintien d’une planète habitable! La Suisse a déjà l’un des réseaux autoroutiers les plus denses d’Europe: elle doit suivre ce mouvement et arrêter ses projets d’autoroutes.» explique Thibault Schneeberger, coordinateur actif-trafiC Romandie.
De nombreuses oppositions locales aux projets
L'opposition à ces projets autoroutiers dans cinq cantons est largement soutenue et ancrée localement. De Saint-Gall à Genève, des personnes engagées se mobilisent contre les projets votés par le parlement:
«L'OFROU prévoit d'étendre les autoroutes au nord-est de Berne sur l'ensemble du territoire - donc pas d'"éliminer les goulets d'étranglement", comme il le prétend de manière trompeuse. Les deux projets de l'étape d'aménagement 2023, dont l'élargissement à huit voies (!) de l'autoroute du Grauholz, ne sont qu'un début. Ces projets nécessiteraient la destruction d'hectares des meilleures terres cultivables et de forêts. L'extension est en totale contradiction avec la stratégie cantonale et régionale en matière de transports. Le réseau routier secondaire ne serait pas délesté, comme on l'affirme souvent, mais soumis à des contraintes supplémentaires en raison du surplus de trafic induit. Les conséquences de cette politique d'extension à courte vue pour le trafic automobile pendulaire seraient supportées par les personnes vivant sur place. L'association Spurwechsel s'engage contre ces projets nuisibles en collaboration avec des personnes directement concernées, notamment dans le secteur agricole.»
Raphael Wyss, président de l'association Spurwechsel
«Le doublement du volume du trafic par la construction de l'autoroute du tunnel sous le Rhin n'est pas compatible avec les objectifs climatiques et la qualité de vie dans le développement urbain à Bâle. Nous nous opposons à la destruction de l'important parc de quartier de la Dreirosenmatte, de plus de 100 jardins familiaux et de la forêt pour un tel projet datant du dernier millénaire.»
Roman Künzler, Dreirosen bleibt / Rheintunnel Nein
«Le projet d'extension autoroutière à Schaffhouse est problématique car il provoquerait une augmentation massive du trafic dans les quartiers résidentiels – devant les écoles, les jardins d'enfants et les aires de jeux. Le développement de l'habitat est négativement affecté et il n'y a pas eu non plus d'implication des personnes concernées.»
Sebastian Schmid, co-président de IG Fäsenstaub
«A Saint-Gall, la bretelle d'accès à la gare de marchandises suscite une vive opposition. Il s'agit probablement des trois kilomètres de route les plus chers de Suisse. Malgré tout, seules les entrées et sorties de et vers Zurich sont desservies. Le nœud de la sortie vers le centre-ville devient un nouveau goulet d'étranglement, surtout pour les transports publics ainsi que pour les cyclistes et les piétons. C'est ce que confirme une planification test commandée par le Canton et la Ville. Le réseau routier secondaire de Saint-Gall ne pourra probablement pas absorber le trafic supplémentaire généré. Il faut s'attendre à des embouteillages plus fréquents et plus longs dans le centre-ville. Avec la cadence de 15 minutes des chemins de fer appenzellois à travers le nouveau tunnel du Ruckhalden, les communes voisines appenzelloises situées directement au sud sont parfaitement desservies. Pour le reste de l'Appenzell, d'autres raccordements autoroutiers sont déjà plus proches aujourd'hui.»
Markus Tofalo, Association contre le raccordement autoroutier à la gare de marchandises de Saint-Gall
«Le projet d’élargissement de l’autoroute entre Genève et Nyon à 6 pistes est totalement en contradiction avec toute la planification actuelle dans la région. Cela va créer du trafic induit: or, ni Genève ni Nyon, ni Lausanne ne peuvent accueillir davantage de voitures! Au contraire, le plan Climat cantonal genevois prévoit de diviser par deux le trafic motorisé en dix ans dans le Canton. Le contreprojet à l’initiative Climat Urbain adopté à l’unanimité du Grand Conseil genevois il y a quelques jours à peine atteste d’une volonté claire: réduire l’espace pour la voiture dans les villes du Canton. Élargir un tuyau autoroutier qui débouchera dans un entonnoir urbain n’a strictement aucun sens.»
Thibault Schneeberger, coordinateur actif-trafiC Romandie