La décision prise aujourd'hui par la population contre l'extension des autoroutes marque un véritable tournant dans la politique suisse des transports. Si les Suisses ne veulent pas d'extension de l'infrastructure routière, cela signifie qu’il faut opérer un tournant clair vers la mobilité d’avenir. actif-trafiC s’en réjouit et demande que cette volonté soit concrétisée par des investissements massifs dans les transports publics ainsi que dans une infrastructure cyclable sûre.
La majorité des électeurs·trices suisses rejette l'extension des autoroutes. Le Conseil fédéral et le Parlement ont désormais le mandat de développer de vraies solutions aux problèmes de mobilité. Angela Zimmermann, chargée de campagne pour actif-trafiC se réjouit: «Cette décision est historique - la population vient de donner un coup d’arrêt à l'extension des autoroutes voulue par le lobby du béton et de la voiture. Pour appliquer la volonté populaire, il faut opérer un tournant clair vers un système de transport respectueux du climat, de la nature et du territoire.»
Des transports publics attractifs et des infrastructures cyclables sûres
Cette campagne a été marquée par de nombreux arguments mensongers répétés par nos opposant·es, dont le conseiller fédéral Albert Rösti. On les a entendus nier durant des semaines l’existence du phénomène du trafic induit contre tout le consensus scientifique en la matière et contre l’évidence inscrite dans les rapports de l’Ofrou lui-même. Ils·elles ont même osé prétendre que cela allait diminuer les émissions de CO2 (sic!) ou encore améliorer la sécurité routière… alors même que les rapports coûts/bénéfices de plusieurs des projets démontrent explicitement le contraire.
La majorité de la population n’a toutefois pas été dupe et a compris qu’élargir les routes entraînerait une augmentation du trafic, ce qui non seulement ne permettrait pas de résoudre le problème des embouteillages… mais allait encore les aggraver sur les autoroutes et dans les localités. «Il faut donc rapidement investir dans les vraies solutions. Des investissements massifs dans les transports publics sont indispensables pour les améliorer et baisser les tarifs mais aussi créer une infrastructure cyclable sûre afin d’offrir de véritables solutions à la population pour sortir de la dépendance automobile.» explique Thibault Schneeberger, coordinateur actif-trafiC Romandie. «Avec ce NON, la population exprime aussi un ras-le-bol face à l’excès de trafic motorisé: des mesures rapides doivent être prises pour libérer les quartiers résidentiels du trafic automobile.»
Dépenser 35 milliards pour de nouvelles routes n’est plus d'actualité
La Confédération a dans ses tiroirs des projets autoroutiers pour un montant total d'environ 35 milliards de francs. Avec ce NON, tout cet édifice s’écroule. Angela Zimmermann précise: «Nous avons voté aujourd'hui sur six projets. Mais la question fondamentale était de savoir s’il est acceptable, en pleine crise climatique, d’engloutir des milliards pour encourager encore le trafic motorisé. Après la décision prise aujourd’hui, il est hors de question de continuer à planifier d’autres projets d'extension.»
Pour un moratoire sur la construction d’autoroutes
actif-trafiC demande donc un moratoire immédiat sur la construction de routes nationales. Le Parlement et le Conseil fédéral doivent résolument affecter des fonds aux infrastructures de transport afin d'atteindre les objectifs climatiques inscrits dans la loi climat votée en 2023. «La population demande une réorientation de la politique des transports. Dans les agglomérations, la priorité doit être donnée aux bus, trams, RER ainsi qu'aux mobilités actives», analyse Angela Zimmermann. «Il est temps d'investir les 35 milliards prévus dans une mobilité économe en espace et respectueuse du climat».
Un fort élan de mobilisation de la société civile
La victoire du NON aujourd'hui est le résultat de la forte mobilisation d'une large alliance regroupant de nombreuses organisations différentes, mais aussi de nombreux secteurs: experts en mobilité, médecins, architectes, professeurs des EPF et universités, de nombreuses voix du monde paysan, membres d’exécutifs communaux, PME, associations d’habitant·es, mais aussi des centaines d’activistes un peu partout et des groupes locaux de résistance dans les communes et villes concernées. La société civile a joué un rôle central dans ce NON à l'extension des autoroutes. L'incroyable élan qui s'est levé pour cette campagne va se poursuivre dans les années à venir afin d’œuvrer à la mise en œuvre du tournant dans les transports dont le vote d’aujourd’hui n’est que la première étape.
L’association environnementale de politique des transports actif-trafiC a mené, avec l'ATE, l'alliance «NON à l'extension démesurée des autoroutes» aux côtés d’une cinquantaine d'autres organisations. actif-trafiC est une association indépendante qui compte environ 50'000 soutiens. Nous nous engageons depuis 1992 pour une mobilité durable. A l'origine d’actif-trafiC, il y avait la vision de réduire de moitié le trafic individuel motorisé. Notre objectif principal reste toujours de réduire le trafic, de le rendre plus respectueux de l'environnement et plus économe en espace.