Selon les chiffres publiés aujourd'hui par le Temps et la NZZ am Sonntag, les coûts externes du trafic motorisé explosent par rapport aux valeurs actuelles, passant de 8,5 milliards à 17,3 milliards de francs par an. Outre l'augmentation due à la pandémie de l'année de référence 2020 à 2021, c'est avant tout une mise à jour de la méthodologie qui joue un rôle central.
Ce qui est explosif, c'est que l’évaluation des coûts climatiques des émissions de CO2 revue à la hausse dans cette mise à jour devrait également être appliqué à l'analyse coûts/bénéfices des projets autoroutiers. Il n'est donc pas étonnant que le conseiller fédéral Albert Rösti ait tenté de bloquer la publication jusqu’à après le 24 novembre, date de la votation sur l'extension des autoroutes. actif-trafiC a lancé un «Appel à Albert Rösti: STOP aux chiffres trompeurs!»
Les coûts externes du trafic automobile, qui doivent être supportés par la collectivité, s'élèvent désormais à 17,3 milliards de francs par an selon les nouvelles estimations de ses services. Il s'agit des coûts de santé dus au bruit et à la pollution de l'air, des coûts des accidents ou encore des coûts liés aux conséquences climatiques. La principale cause de l'augmentation des coûts est l’évaluation des coûts climatiques, qui a été actualisée pour la première fois depuis le début des années 2000. Elle est passée de 140.- / tonne de CO2 à 430.- / tonne de CO2. Il s'agit de la meilleure pratique actuelle, reconnue au niveau international.
L'analyse coûts-bénéfices des projets autoroutiers doit être actualisée
L'augmentation des coûts à ce niveau remet déjà en question en soi l'extension prévue des autoroutes. Mais l'adaptation du taux de coûts climatiques a encore une autre influence. Tous les projets autoroutiers font l'objet d'une analyse coûts-bénéfices, qui a joué un rôle important dans le débat au Parlement. Parmi ceux-ci, les coûts liés au changement climatique sont un aspect important. Ceux-ci sont désormais multipliés par trois et pourraient faire basculer le rapport coûts/bénéfices de certains projets dans le négatif. L'extension des projets prévus est donc encore moins justifiée! Thibault Schneeberger, coordinateur d’actif-trafiC Romandie, exige: «Le rapport coût-utilité des projets autoroutiers présentés doit être réévalué à l'aide des chiffres actuels».
L’évaluation des bénéfices économiques se base aussi sur des chiffres dépassés
La NZZ am Sonntag a déjà rapporté il y a quelques semaines que la Confédération se basait également sur des chiffres dépassés en ce qui concerne les bénéfices économiques des projets. Avec un calcul basé sur la nouvelle méthode, les «bénéfices économiques» de tous les projets passeraient de 184 millions à 65 millions de francs par an. La décision populaire qui doit être prise en novembre est cruciale et ne peut pas se baser sur des chiffres dépassés. «Il est inacceptable que nous devions prendre en novembre une décision populaire aussi importante sur la base de chiffres trompeurs basés sur des méthodes de calcul dépassées», déclare Thibault Schneeberger.
Albert Rösti a-t-il voulu retenir le rapport ?
Le château de cartes sur lequel a été construite l'extension de l'autoroute, qui coûterait 5,3 milliards, menace de s'effondrer. Le conseiller fédéral Albert Rösti semble l'avoir remarqué lorsqu'il a répondu à une question du Parlement il y a deux semaines. Il a alors dit qu'aucun chiffre consolidé sur les coûts externes n'était encore disponible et que ce rapport annuel – normalement publié durant l’été – ne serait pas rendu public avant fin 2024, soit après la votation populaire cruciale du 24 novembre. Lorsque les premiers chiffres ont filtré, un changement d'attitude s'est manifestement produit. Il semble vouloir désormais publier le rapport en octobre. Nous sommes impatients de le voir. Afin de s'assurer qu'il ne fasse pas marche arrière, actif-trafiC a lancé un «Appel à Albert Rösti: STOP aux chiffres trompeurs!»