L’association actif-trafiC a fêté les 5 ans de l’acceptation de l’initiative en faveur de la mobilité douce (IN 144) par le corps électoral genevois le 15 mai 2011. Lors d’une action devant les Bains des Pâquis, une installation a été mise en place afin de symboliser les ordres de grandeur de plusieurs exemples de dépenses publiques cantonales.
Une tour de 3 mètres représentait ainsi le coût potentiel d’une traversée du lac : 5 milliards. À côté, une tour de 45 cm figurait les 750 millions que coûterait la rénovation de l’ensemble des bâtiments publics du canton, et une autre de 19 cm montrait le coût de construction de la ligne de tram entre Cornavin et Bernex 330 millions. Enfin, une petite bande noire de 4 cm de large indiquait le coût estimé de la mise en œuvre de l’initiative 144, à savoir 80 millions (pistes cyclables sur l’ensemble du canton). Alors que l’argument financier est la principale raison invoquée pour justifier l’inaction du canton, cette installation permettait de prendre conscience des dépenses que le Conseil d’Etat est prêt à engager dans la construction d’une énorme autoroute sur le Lac, et qu’elle refuse toujours de mettre pour sécuriser la mobilité douce… une question de moyens ou de volonté politique ?
Que demande l’IN 144 ?
Elle poursuit principalement 3 objectifs : adopter un plan directeur de la mobilité douce qui prévoit des pistes cyclables continues et sécurisées pour tout le réseau routier primaire et secondaire et sécuriser les passages piétons.
Qu’ont fait les autorités depuis 2011 ?
Le Conseil d’Etat, mis sous pression par l’IN 144, avait établi un plan directeur de la mobilité douce 2011-2015, que le Grand Conseil a adopté sans amendements en janvier 2013… sans que celui-ci ne prenne en compte les demandes de l’IN 144, qui avait pourtant acquis force de loi depuis le 15 mai 2011. La Conseillère d’Etat Michèle Künzler, alors en charge du dossier, s’est cependant efforcée de mettre en œuvre partiellement le volet vélos de l’IN 144 en planifiant 8 pénétrantes partant des communes suburbaines pour aboutir aux frontières de la ville de Genève. Ce projet a été abandonné depuis. Pour le volet piétons, des études ont été menées pour identifier les points noirs les plus dangereux. Et sur le terrain ? Peu d’améliorations concrètes sous prétexte qu’il manquerait de l’argent, comme l’invoque le Plan d’action de la mobilité douce 2015-2018. Or, ces 80 millions, ventilés sur 8 ans et dont seulement la moitié serait à la charge du canton, ne représentent que 5 millions par an. D’autres villes suisses, comme Zurich, misent au contraire sur le vélo avec un plan vélo municipal prévoyant un budget de 120 millions !
Luc Barthassat a de plus dévoilé début avril 2016 le nouveau plan d’action du réseau routier 2015-2018, qui prévoit un budget de 50 millions de francs et se présente comme un catalogue de 64 mesures opérationnelles. Les principaux champs d'actions de ce document sont la fluidité et la sécurité pour le trafic routier. La régulation du trafic se fera à l’avantage de la circulation automobile (« ondes vertes ») et donc au détriment des autres types de mobilité (transports publics, mobilité cycliste et piétonne), ceci alors que le nombre de ménages possédant une voiture ne cesse de diminuer en ville, mais aussi dans le canton de Genève.
Qu’ont fait les initiants de 2011 à 2016 ?
Chaque année, nous nous rappelons au bon souvenir des autorités pour exiger la mise en œuvre de notre texte. En 2012, nous avons déroulé le tapis rouge à la petite reine, en saluant le projet des 8 pénétrantes, en 2013 nous avons remis une tirelire-cochon devant l’Hôtel de Ville pour rappeler au Conseil d’Etat les demandes de l’IN 144 ; en 2014, nous avons remis au nouveau Conseiller d’Etat Luc Barthassat un « starter kit » avec les instruments nécessaires pour mettre en œuvre la loi sur la mobilité douce, en 2015 nous avons fourni un dossier de presse désespérément vide expliquant les non-réalisations. Nous avons également réussi, ensemble avec des associations de quartier, à obtenir des améliorations pour les piétons de la part de la Ville de Genève à un carrefour (François-Furet / avenue d’Aïre) qui était un condensé de non-application de l’IN 144… et attendons que le Canton agisse sur les feux de circulation, qui sont de sa responsabilité.
Contacts :
Andréa von Maltitz — Thibault Schneeberger · co-secrétaires actif-trafiC
Photos de l’action : https://flic.kr/s/aHskAjo52U