L’unique projet romand représente une triple menace pour les communes proches de l’autoroute, pour la biodiversité et pour la nouvelle voie ferroviaire lémanique.
Dans le « paquet autoroutier » sur lequel nous voterons en novembre, le seul projet romand consiste à élargir l’autoroute A1 de 4 à 6 voies sur 19 km entre Nyon (VD) et Le Vengeron (GE), avec d’importantes modifications des jonctions de Nyon et Coppet ainsi que l’échangeur du Vengeron. L’ensemble coûterait 956 millions, auxquels il faut ajouter des coûts d’entretien, évalués à 298 millions. Le début des travaux est prévu pour 2033, pour une mise en service en 2041.
Contrairement aux autres projets soumis au vote, celui-ci n’était pas considéré comme prioritaire par la Confédération. Il a été ajouté lors des débats au Parlement sous l’impulsion d’Albert Rösti, pour éviter qu’en vue d’une votation populaire, la Suisse romande ne se sente « délaissée ».
A nouveau bouché 10 ans à peine après la mise en service
Ainsi, 12 ans après la mise en service de l’autoroute élargie, l’OFROU prévoit +44 000 voitures supplémentaires chaque jour sur l’échangeur du Vengeron, +8800 à la Jonction de Coppet et +7000 à Nyon. Or, l’essentiel des gens ne vivent pas dans les resto-routes : toutes ces voitures supplémentaires finiront donc forcément dans l’entonnoir des localités. Le réseau secondaire ne sera pas du tout soulagé, au contraire : la situation va s’aggraver !
Dommages importants pour la biodiversité
Au total, l’élargissement de l’autoroute empiéterait sur 10,4 hectares comprenant la destruction de 3,28 hectares de terres agricoles et 2,07 hectares de forêt, sans compter l’emprise provisoire de 18 hectares – dont 7,5 de surfaces agricoles – pour les travaux.
Le projet se trouve en outre au milieu d’une zone de reproduction et d’habitat d’amphibiens protégés au niveau national. Le projet provisoire envisage donc de décaler le tracé de l’autoroute sur 2 km en direction du lac afin de « limiter au maximum les emprises » sur ces sites protégés. Mais les amphibiens seraient de toute façon considérablement affectés par l’augmentation du trafic, autant au niveau de la pollution sonore, lumineuse et atmosphérique, mais aussi par les résidus de microplastiques provenant de l’abrasion des pneus : un problème majeur et encore trop peu étudié. En outre, divers cours d’eau, ainsi que la faune et flore qu’ils abritent pourraient également être impactés.
Conflit avec le rail
La ligne ferroviaire sur l’axe Lausanne-Genève est l’une des plus surchargées de Suisse. Suite à divers incidents techniques et notamment l’épisode du trou de Tolochenaz, il y a désormais un consensus large sur la nécessité de construire une nouvelle voie CFF redondante sur ce tracé. Mais ce projet est directement menacé par l’élargissement de l’autoroute A1.
Ainsi, selon une étude mandatée par les CFF, le tracé de cette nouvelle ligne ferroviaire devrait longer l’A1 sur plusieurs tronçons, et même passer en tranchée couverte sous l’autoroute à la hauteur de Coppet. L’OFROU dit ne pas s’opposer pas au projet… à condition que les travaux ne perturbent pas le trafic routier. On se demande bien si ce sera possible, et si oui, à quel coût. Car comment ne pas perturber massivement le trafic routier lorsqu’on construit une ligne ferroviaire en tranchée couverte sous l’auto- route ? Est-ce qu’après huit longues années de chantier pour élargir l’autoroute, on va réellement la détruire en partie pour faire glisser dessous une voie de train souterraine et la reconstruire ensuite par-dessus ? Et même si ce capharnaüm s’avérait techniquement possible, quels en seront les coûts pour la collectivité ?