Lorsqu’on pense aux aménagements vélo, on pense encore souvent aux villes-centre. Mais les régions périphériques ont un vrai potentiel cyclable, aujourd’hui trop souvent négligé.
La force d’une chaîne se mesure à son maillon le plus faible : sur un trajet à vélo, même si l’essentiel du parcours est sécurisé, il suffit d’un tronçon ou d’un carrefour où l’on risque sa vie pour renoncer à la bicyclette. Et le risque de tels écueils augmente avec la distance à parcourir. Ce phénomène emprisonne souvent les communes périphériques dans une dépendance automobile dont elles devraient pourtant se défaire.
Les périphéries à la traîne
Les distances plus grandes hors des villes défavorisent aussi le vélo. Tous modes confondus, en Suisse, on parcourt 27,7 km par jour lorsqu’on vit en ville, 32,9 km dans les zones intermédiaires et 35,4 km en campagne. Mais la démocratisation de l’assistance électrique – près de la moitié des vélos vendus en Suisse en 2022 – est un remède. Un trajet moyen à vélo « musculaire » est aujourd’hui de 3,6 km, contre 5,2 km en vélo électrique. Or, 44 % des trajets réalisés en voiture font moins de 5 km. Le vélo électrique a d’ailleurs opéré une progression fulgurante ces dernières années.
96,8 % de la population vit à moins de 5 km d’une gare
Le potentiel du vélo est d’autant plus grand que les possibilités d’intermodalité sont nombreuses dans un pays où 96,8 % de la population vit à moins de 5 km d’une gare. Encore faut-il pouvoir rejoindre ces gares à vélo en toute sécurité et s’y garer sans risque. Or trop souvent, le stationnement sécurisé manque et les routes pour y mener restent dangereuses.
Pour les communes d’agglomération, rééquilibrer l’espace au détriment du trafic motorisé est souvent encore plus délicat qu’en ville vu la forte dépendance à la voiture. En campagne, il y a souvent davantage d’espace, mais créer des aménagements cyclables oblige souvent à grignoter des terres agricoles… et acquérir ces terrains est souvent long et coûteux.
Néanmoins, il existe aussi de bons exemples. Dans le canton du Tessin, une alternative à la route cantonale très fréquentée a été créée entre Cannobio et Tesserete sur un ancien tracé ferroviaire. La commune de Schleitheim, dans le canton de Schaffhouse, a rendu plus sûre une piste cyclable utilisée pour se rendre à l’école grâce à un nouveau tronçon et à un nouveau pont pour piétons et cyclistes. Et la commune de Burgdorf est depuis des années en tête de l’évaluation du Prix Vélo de Pro Velo. Mais avec une note moyenne de 4,7, Burgdorf a encore une bonne marge de progression.
Qu’y a-t-il de plus beau que de parcourir la campagne à vélo ? Le potentiel du vélo en dehors des villes est immense : il est grand temps de l’exploiter !