Ceux qui prétendent qu’avec les voitures électriques le trafic motorisé sera bientôt neutre en CO₂ ne tiennent compte ni de l’impact à la production des batteries, ni de l’effet rebond.
En 2023, les véhicules électriques en Suisse ne représentaient que 3,3 % des voitures en circulation. Un parc 100 % électrique reste donc assez lointain. Selon Swiss-eMobility, en 2035, au moins la moitié du parc sera encore thermique. Nos routes resteront donc des espaces de consommation de pétrole durant de nombreuses années encore.
Réductions trop faibles
Fabriquer des batteries étant très énergivore, la production d’une voiture électrique émet bien plus qu’un modèle thermique : de +25 % au mieux, jusqu’à +100 %, suivant le poids de la batterie et le mix énergétique du pays de production. Sur l’ensemble du cycle de vie, les voitures électriques réduiraient donc au mieux les émissions de CO₂ de deux tiers. C’est bien, mais insuffisant.
Car, selon la loi climat, les émissions des transports doivent baisser de 57 % d’ici 2040 et de 100 % (!) d’ici 2050. Prétendre qu’on peut atteindre ces objectifs avec les voitures électriques, c’est « oublier » le surcroît d’émissions engendrées à l’étranger par la production des batteries. Fermer les yeux et polluer davantage ailleurs pour polluer un peu moins chez nous ? C’est hypocrite : le climat se fiche bien de savoir d’où proviennent les émissions!
Le trafic motorisé doit donc, en parallèle de son électrification, être fortement réduit, et c’est d’ailleurs ce que prévoient tous les scénarios dans les villes et Cantons (cf. p. 10). Aussi : sans diminution du trafic, il faudra 15 à 20 % d’électricité en plus et le développement des énergies renouvelables est trop lent pour absorber cette surconsommation.
Écueils électriques
Lorsqu’une nouvelle technologie provoque une hausse involontaire de la consommation, on parle d’effet rebond. Bel exemple en Scandinavie où des trajets auparavant réalisés à vélo ou en bus le sont désormais en voiture électrique à cause de la « bonne conscience » qu’elles procurent ou encore de leur faible coût au kilomètre.
On pourrait aussi parler de l’usure des pneus 30 % plus forte, de l’extraction du lithium... Alors, une solution miracle ? Certainement pas !