Genève, le 23 août 2017
actif-trafiC s’est allongé sur le gazon de la piscine publique Genève-Plage avec un linge de bain de la taille d’une place de stationnement. En « sortant » une place de parking de son « contexte naturel » (la rue) et en le plaçant dans une zone verte on peut constater l’importante consommation de terrain consacrée à des véhicules à l’arrêt. La taille des places de stationnement ne risque d’ailleurs pas de diminuer de sitôt, car la tendance est aux voitures toujours plus grandes, notamment dans la ville au bout du lac.
La co-secrétaire d’actif-trafiC Andréa von Maltitz abonde dans le même sens : «Avec notre immense linge de bain nous avons montré visuellement l’espace occupé par une voiture en stationnement. Or, durant 95% du temps, une voiture est l’arrêt. On devrait donc l’appeler plutôt «immobile» qu’ «automobile», pour reprendre les termes du professeur émérite en transports Hermann Knoflacher. Les voitures stationnées dominent l’espace urbain. Avec notre action, nous voulons inciter les gens à questionner la répartition actuelle de l’espace routier public. Une voiture stationnée exige entre 13 à 15 mètres carrés. Sur le même espace on pourrait étendre 10 linges à bain normaux, stationner 10 vélos, organiser une fête pour une trentaine de personnes ou tout simplement verdir l’espace public.»
En Suisse, on compte entre 8 à 10 millions de places de stationnement. Il y a donc un réel potentiel pour une optimisation de l’utilisation de ces surfaces. Les rues en ville ne devraient pas en premier lieu servir aux véhicules qui roulent et qui stationnent, mais devenir un lieu de rencontre et être perçues comme telles. En effet, le stationnement a des conséquences sur la qualité de l’aménagement et l’utilisation de l’espace urbain.
En ville, l’espace pour des pistes cyclables bidirectionnelles et sûres fait défaut, les enfants n’ont plus d’espace pour jouer librement, les aînés souffrent de l’occupation des trottoirs par les voitures. Dans nos villes aux dimensions exigües, une réduction des places de stationnement s’impose non seulement pour respecter les valeurs des ordonnances sur le bruit et l’air, mais aussi pour éviter des accidents. La loi pour une mobilité coordonnée acceptée l’an dernier donne d’ailleurs la possibilité de réduire les places de stationnement dans les zones fortement urbanisées.
En outre, le 15 mai 2011, le peuple genevois a accepté l’Initiative pour la mobilité douce qui demande des pistes cyclables continues et sécurisées sur tout le réseau routier primaire et secondaire, ainsi que des îlots au milieu des passages piétons et une régulation des carrefours en faveur de la mobilité douce.
actif-trafiC exige que cette initiative, devenue depuis la loi sur la mobilité douce, soit enfin mise en œuvre. La création d’aménagements piétons et cyclables est une première étape vers un espace public réparti de manière plus équitable entre tous les usagers·ères de la route. Ne dit-on pas «Qui paie commande?». Or, les ménages sans voiture (plus de 40% en Ville de Genève) contribuent de manière non négligeable au budget de l’Etat et devraient disposer d’un droit et d’un accès à la rue au moins équivalent aux autres habitant·e·s!
Pour davantage d’informations :
Andréa von Maltitz, co-secrétaire d’actif-trafiC