Communiqué de presse · 07.12.2022
Une coalition formée de 23 associations d’habitant·es, de parents d’élèves, d’aîné·es et d’associations engagées pour la mobilité durable et pour l’environnement ont annoncé ce mercredi 7 décembre leur soutien au projet du Conseil d'Etat de limitation de la vitesse à 30km/h à Genève. Ils appuient collectivement une intervention en justice (appel en cause) dans la procédure qui oppose l’Etat de Genève avec des lobbies automobiles et partis de droite qui ont recouru contre l’arrêté du Conseil d’Etat du 10 octobre dernier qui met en œuvre sa stratégie vitesse.
Formellement ce sont les sections genevoises de l’ATE et de PRO VELO qui déposeront cette intervention juridique afin de faire entendre la voix de la société civile et de la population dans cette procédure. Sur le modèle de la bataille menée au printemps 2022 en défense des bandes cyclables Plainpalais-Cornavin avec le dépôt d’un recours associatif porté par 12 organisations, ce sont ici 23 (!) associations (liste complète ci-dessous) qui se coalisent pour afficher leur soutien à cette démarche judiciaire.
Lutter contre le bruit: une nécessité de santé publique
La généralisation du 30km/h est avant tout une nécessité absolue du point de vue de la protection contre le bruit, enjeu majeur de santé publique. Rappelons que Genève est la ville la plus dense et la plus bruyante de Suisse avec 32,7% des logements exposés à un bruit dépassant 60 décibels, soit l’équivalent d’une tondeuse à gazon passant à dix mètres de sa fenêtre. En ville de Genève, seules 6% des adresses résidentielles peuvent être considérées comme « calmes » (bruit inférieur à 50 dB). Par comparaison, à Berne, 59,6% des adresses sont « calmes » (et seules 4,6% sont exposées à un bruit de +60 dB) (1). Plus largement, malgré les mesures prises ces dernières années (notamment la pose de revêtement phonoabsorbant), 120'000 habitant·es du Canton de Genève restent exposé·es à des valeurs de bruit dépassant les normes fédérales.
Sécurité, climat, pollution, etc.: co-bénéfices du 30km/h
Mais les associations défendent aussi les autres effets bénéfiques du 30km/h, notamment l’amélioration de la sécurité pour tous les autres usagers de la voie publique – en particulier les piétons et les cyclistes – mais aussi l’encouragement qu’il représente à une réduction du trafic motorisé, indispensable pour atteindre les objectifs climatiques du canton (–40% de trafic d’ici 2030) et pour diminuer la pollution de l’air.
Citations
Laïla Batou, avocate: «Quand le TCS et d’autres associations ont annoncé s’en prendre au 30km/h, il a semblé logique de faire valoir nos arguments déjà au stade de la première instance plutôt que d’attendre une décision. Vu la situation du bruit à Genève, il y a un problème de respect de la loi sur l’environnement, sur lequel ma mandante, l’ATE, a la qualité pour agir. Mais dans ce cadre, d’autres arguments peuvent aussi être entendus : l’urgence climatique, décrétée au niveau cantonal, nous commande d’agir vite pour réduire les émissions de CO2, mais aussi la question de la pollution de l’air et de la sécurité, en particulier pour les plus vulnérables comme les enfants.»
Sébastien Voegeli, avocat: «Il va falloir questionner la qualité qu’ont certaines des entités recourantes. La limitation à 30km/h en zone urbaine est une mesure de droit fédéral, appliquée depuis des années et validée par les tribunaux et le Tribunal fédéral l’a dit: le 30 km/h est une mesure efficace, peu coûteuse, proportionnelle et qui attente peu à la liberté individuelle.»
Caroline Marti, présidente ATE-Genève: «Il était essentiel pour l’ATE de jouer son rôle et de porter cette demande d’appel en cause pour pouvoir faire valoir dans le cadre de cette procédure et faire entendre la voix de la société civile, des membres de l’ATE et des habitant·es de ce canton trop nombreux à être soumis à un bruit excessif à Genève. Cette stratégie vitesse ne découle pas d’une lubie du Conseiller d’Etat mais bien de décisions judiciaires qui imposent au Canton de prendre des mesures pour lutter contre le bruit routier Aujourd’hui en Suisse, on évalue à 1,5 milliards les coûts liés au bruit routier. Cela a un véritable impact sur la population. Le 30km/h est une solution facile à mettre en œuvre pour y remédier.»
Olivier Gurtner, président de Pro Vélo Genève: «Une vitesse ralentie protège les cyclistes autant que les piétons, c’est une question de bons sens. Il n’y a aucun argument logique à vouloir garder des voies rapides en centre-ville, hormis l’ivresse de la vitesse. Et cette ivresse, comme l’alcool, elle tue.»
Marco Ziegler, Mobilité Piétonne: «Il y a plusieurs bonnes raisons de soutenir la décision du Conseil d’Etat. D’une part le bien-être pour ceux qui souhaitent se déplacer à pied ainsi que ceux qui souhaitent séjourner dans l’espace public et flâner, car le le bruit de fond routier affecte fortement les piétons. Deuxièmement, c’est la question de la sécurité puisque les dangers sont fortement réduits avec un abaissement de la vitesse. Enfin, la réduction de l’écart de vitesse entre les modes de déplacement, qui est une manière de reconnaître les bienfaits qu’apporte la marche à la société et à l’économie.»
Thibault Schneeberger, actif-trafiC: «La votation sur la LMCE de 2016 a montré une vraie volonté populaire de diminuer les vitesses et de prioriser transports publics et mobilité douce. S’il y a un scandale démocratique, c’est bien de n’avoir mis en œuvre le 30km/h plus tôt! Ralentir la vitesse sur les grands axes structurants est également nécessaire car ceux-ci sont aussi densément peuplés… et les riverain·es qui y vivent ont aussi le droit d’être protégés contre le bruit. La plupart des villes européennes passent à 30, il n'y a pas de raison de retarder cette évolution nécessaire ici.»
Odile Fioux, Jonction (AHJ / MQSJ / APEJ): «Entre associations de la Jonction, nous avons mené des démarches communes concernant la mobilité. Parmi nos luttes importantes il y avait la nécessité d’obtenir le 30km/h sur l’entier de l’avenue Sainte-Clotilde. On y trouve une ludothèque, une école, une église, une crèche, une Maison de Quartier ainsi que le chemin du parascolaire pour des centaines d’enfants. Les automobilistes veulent avoir la liberté de circuler. Les enfants et habitant·es veulent avoir la liberté de circuler en sécurité.»
Brigitte Studer, SURVAP: «Aux Pâquis, où nous nous battons depuis longtemps contre les nuisances du trafic, la limitation à 30km/h est souvent déjà en place à l’intérieur des rues du quartier. Ces nouvelles mesures vont concerner le tour du quartier. Cela offrira davantage de cohérence pour les automobilistes, qui sauront alors qu’ils doivent globalement ralentir. C’est plus facile à respecter et à faire respecter.»
Nicolas Künzler, FORUM 1203 / MQSJ: «La particularité du quartier St-Jean/Charmilles est qu’il relie le centre à la périphérie. Il y a une grande diversité de situations. Or, où qu’on habite, que ce soit sur un grand axe ou une petite rue, on a le droit d’être protégé du bruit et du danger du trafic motorisé.»
Vanessa Klein, Vivre aux Eaux-Vives (VAEV): «La rue des Eaux-Vives et la route de Frontenex font partie des 4 axes traversant les Eaux-Vives et qui représentent un danger pour les écoles devant. Les passer à 30km/h répond vraiment à une nécessité.»
Henriette Stebler, Association des habitant·es de Carouge-Est: «On pourrait porter plainte pour mise en danger de notre vie. On a peur sur les passages piétons. Notre quartier contient une école de 400 enfants et il se développe fortement: Cité Léopard, Moraines, etc. Les mesures des années 50 qui visaient à faire circuler vite les voitures ne sont plus adéquates avec la réalité actuelles. Aujourd’hui on risque notre peau en circulant à pied. Or, on ne veut plus avoir peur et on ne veut plus subir le bruit et la pollution.»
Zoltan Horvath, APE Ouches – Jardins du Rhône: «Passer à 30km/h permet de voir la ville autrement et de réaliser ensuite des aménagements plus adaptés à la vie de quartier. C’est essentiel pour nos enfants notamment.»
Philippe Meyer de Stadelhofen, WWF Genève: «On est en urgence climatique, il est temps de prendre des meusres fortes. L’abaissement de la vitesse est nécessaire pour s’inscrire dans cette démarche.»
Pierre-André Marti, AHPTSG: «Au Petit-Saconnex, il y a beaucoup de trafic de transit. Avec les modifications à venir avec l'arrivée du tram, nous avons besoin de diminuer ce trafic de transit pour qu’il soit découragé de circuler à travers le quartier. Le passage à 30km/h nous y aidera.»
Liste des associations (état au 07.12.2022):
actif-trafiC
ATE Genève
PRO VELO Genève
Mobilité Piétonne
WWF
AVIVO
Grands parents pour le Climat
AHJ (Habitants Jonction)
Survap (Habitants Pâquis)
Collectif St-Gervais (Habitants St-Gervais)
VAEV (Habitants Eaux-Vives)
AHQC (Habitants Concorde)
AHPTSG (Pt-Saconnex)
Association habitants Carouge-Est
AHA (Habitants Acacias)
Maison de Quartier Saint Jean (MQSJ)
Maison de Quartier de la Jonction
Forum 1203
APE Pâquis
APE Jonction
APE Sécheron (APEPS)
APE Seujet Necker (APESN)
APE Ouches - Jardins-du-Rhône